Les origines et les causes de la Première Guerre mondiale

Les origines de la Première Guerre mondiale sont très nombreuses et complexes et ont suscité de nombreux débats entre historiens, surtout concernant la responsabilité de l'Allemagne. Entre 1871 et 1914, nombreux sont les facteurs qui ont contribué à déstabiliser un certain équilibre des puissances européennes. L'impérialisme adopté par les pays européens, surtout en Afrique, la montée en puissance de l'Allemagne, qui favorisera le développement des alliances, surtout défensives, entre Etats et l'expansion des mouvements nationalistes en sont les principaux.

1) L'Allemagne, une nouvelle puissance européenne

La montée en puissance de l'Allemagne est l'un des principaux facteurs dans l'augmentation des tensions entre Etats européens. En effet, la victoire de la Prusse sur la France, en 1871, permit l'unification de l'Allemagne et la création d'une nouvelle puissance dans le cœur de l'Europe. La volonté, de la part de l'Allemagne, de se comporter comme une puissance militaire et économique développa la crainte des autres Etats européens vis-à-vis de ce pays, et influença donc les relations diplomatiques.
Entre 1890 et 1914, la population allemande passa de 49 à 66 millions d'habitants. De plus, son développement économique fut à nul autre pareil. L'Allemagne exportait plus d'acier que la France, la Russie et la Grande-Bretagne réunis et était le deuxième pays producteur de charbon, derrière la Grande-Bretagne. La force de l'industrie allemande permit d'accroître les capacités militaires du pays qui possédait, en outre, une armée bien entrainée et équipée. L'Allemagne avait, juste avant le déclenchement de la guerre, la deuxième flotte mondiale, derrière la Grande-Bretagne.
La politique étrangère de l'Allemagne fut menée par Otto von Bismarck, premier chancelier de l'Allemagne, de 1871 à 1890. Sa politique permit à l'Allemagne la signature de nombreux traités et alliances avec, souvent, des clauses secrètes. Néanmoins, il s'efforça de préserver l'équilibre européen. En 1872, fut formée la Ligue des trois empereurs (Allemagne, Russie, Autriche-Hongrie), suivit, en 1879, par la double alliance (ou duplice) entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie qui se devaient assistance mutuelle en cas d'attaque de la part de la Russie. Bismarck croyait, en effet, que ces alliances avec l'Autriche-Hongrie allaient réduire les vues de celle-ci sur les Balkans. En réalité, ce fut tout à fait le contraire : l'Autriche-Hongrie mena une politique audacieuse contre les mouvements nationalistes dans les Balkans. Suite à sa demande, l'Italie entre dans l'association germano-autrichienne en 1882 : cette alliance entre les trois pays formera la Triple Alliance (ou Triplice). En 1887, l'Allemagne signa le traité secret de contre-assurance avec la Russie qui stipule la neutralité russe en cas de déclaration de guerre de l'Allemagne contre la France et la neutralité allemande en cas d'attaque de la Russie sur l'Autriche-Hongrie (ce qui est contradictoire avec les clauses de la duplice), ainsi que le soutien de la politique russe dans les Balkans de la part de l'Allemagne. Selon la volonté de Bismarck, ces nombreux traités permettraient à l'Allemagne, en cas de crise internationale, d'avoir un maximum de flexibilité.

2) La crise bulgare et la montée de l'instabilité dans les Balkans

En 1876, une rébellion de grande envergure, supportée par la Serbie, le Monténégro et la Russie, se souleva en Bulgarie. Cette crise se transforma en guerre entre la Russie et la Turquie, entre 1877 et 1878, qui se solda par la défaite de l'empire ottoman. Ce dernier fut contraint à signer le traité de San Stefano, le 3 mars 1878 ; la Bulgarie devint indépendante, la Roumanie et surtout la Serbie reçurent de nombreux territoires, tandis que l'Autriche-Hongrie et la Russie obtinrent le droit de superviser les réformes en Bosnie-Herzégovine (alors territoire de l'empire ottoman). Cependant, la Grande-Bretagne et l'Autriche-Hongrie ont trouvé que cet accord donna trop de pouvoir à la Russie. Ainsi, le chancelier allemand Bismarck, en médiateur, proposa d'organiser un congrès international à Berlin (1878). Le traité qui en découle limita les gains territoriaux de la Russie ; la Serbie, le Monténégro et la Roumanie devinrent indépendants et la Bosnie-Herzégovine fut placée uniquement sous le contrôle administratif de l'Autriche-Hongrie. La Bulgarie est désormais une principauté autonome de l'empire ottoman. Mais, dans le but de préserver une certaine puissance ottomane, la Bulgarie du sud et l'est de la Roumélie restèrent sous le contrôle de l'empire Ottoman, ce qui souleva, in fine, une révolte de la part des nationalistes de l'est de la Roumélie, qui demandèrent le droit de rejoindre le reste de la Bulgarie. La Russie utilisa alors cette révolte comme prétexte pour agrandir ses territoires, ce qui déplu à l'Autriche-Hongrie qui, avec l'aide de Bismarck, réussirent à faire retirer les troupes du tsar Nicolas II de la Bulgarie.
Cette crise bulgare eût trois principales conséquences, à savoir la fin de la Ligue des trois empereurs, l'affaiblissement de l'Allemagne sur le plan de la médiation qui prit parti contre la Russie, ainsi que la fin du traité de contre-assurance (entre l'Allemagne et la Russie). La diplomatie menée par Bismarck connu là son premier véritable échec. Otto von Bismarck fut démis de ses fonctions en 1890. Cet événement est considéré comme clé dans la marche vers la première guerre mondiale.

3) L'impact des politiques impérialistes

De 1880 à 1914, la montée de l'impérialisme en Europe créa des tensions. Les gouvernements britanniques, français, allemand, italien ainsi que le roi des Belges, Léopold II, se partagèrent des territoires africains. En effet, 90% des territoires africains étaient sous influence d'un pays européen. En outre, les pays européens cherchaient également à étendre leur domination en Asie. Pour la majeure partie d'entre-eux, ce "nouvel impérialisme" était une bataille pour la richesse, la grandeur du pays, le pouvoir, voire la survie. En 1884-1885, eut lieu la Conférence de Berlin durant laquelle les pays se mirent d'accord au niveau du partage des territoires africains. Néanmoins, cette course aux territoires engendra de graves tensions diplomatiques comme, par exemple, la crise de Fachoda en 1898 (entre les Britanniques et les Français) ; les rivalités entre le Japon et la Russie, qui se disputaient des territoires asiatiques, déboucha sur la guerre de 1904-1905 qui vit s'imposer, de façon inattendue, le Japon. La politique menée par l'Allemagne pour développer son empire colonial et ainsi rivaliser avec les puissances étrangères, appelée la Weltpolitik, créa également de nombreuses tensions, comme nous le verrons par la suite.

4) La Weltpolitik de l'Allemagne

En 1897, le Kaiser Wilhelm II annonça son intention de mener une "politique mondiale", la Weltpolitik, justifiée par la dépendance de l'industrie allemande, de plus en plus puissante, vis-à-vis des importations de matières premières. Cette politique, agressive (contrairement à la politique de Bismarck) et soutenue par la presse allemande et les nationalistes, consista donc à avoir "une place au soleil", à prendre possession de territoires, le plus souvent situés dans les eaux territoriales mondiales, dotés de matières premières. La Weltpolitik, menée par Bernhard von Bülow et l'amiral Alfred von Tirpitz, nécessita a fortiori une puissance navale conséquente, dont le développement sera assuré avec une extraordinaire réussite par von Tirpitz. Les ambitions de l'Allemagne et l'accroissement de son empire colonial, créèrent des craintes chez les Français et les Britanniques notamment et donc des tensions qui, additionnées aux autres, allaient mener le monde vers une guerre sans précédent.

5) Les alliances

En 1871, aucune alliance militaire entre pays européens n'avait été contractée. Les premières alliances, défensives, furent la Double Alliance de 1879 et la Triple Alliance (Triplice) de 1882. Néanmoins, le soutien allemand à l'empire d'Autriche-Hongrie dans la crise des Balkans déboucha sur la signature, en 1894, d'une alliance militaire franco-russe qui, dans l'éventuel cas d'une guerre avec un Etat signataire de la Triple Alliance, devait déboucher sur une coopération militaire entre la France et la Russie. Le but de cette alliance était également de s'opposer aux ambitions allemandes.
Ces alliances ont provoqué le développement de plans militaires : en 1905, le général von Schlieffen proposa un plan qui consiste à une attaque rapide sur la France pour concentrer, par la suite, la totalité des armées sur le front russe. L'armée russe planifia, dans le cas d'une guerre, une invasion rapide de l'Autriche-Hongrie.
La seule nation qui était alors en dehors de ces alliances était la Grande-Bretagne. Cependant, la rivalité navale de l'Allemagne, le menacent que constituaient la Russie au sujet des Indes britanniques, le Japon en Asie et la France en Afrique, poussa le gouvernement britannique à sortir de son isolement. La première alliance fut contractée avec le Japon en 1902. Celle-ci encouragea le Japon à entrer en guerre contre la Russie (1904-1905). L'Entente Cordiale, signée entre la France et la Grande-Bretagne en 1904, permit aux deux pays de régler les différends coloniaux en Afrique et en Asie. Ce n'était pas une alliance militaire contrairement à ce que pensait le Kaiser Guillaume II. Suite à la crise diplomatique franco-allemande engendrée par "le coup de Tanger", une conférence internationale fut organisée à Algésiras (1906) durant laquelle la Grande-Bretagne et la Russie encouragèrent la France qui, de ce fait, remporta une victoire diplomatique sur l'Allemagne.
Le soutien de l'Allemagne suite à l'annexion de la Bosnie-Herzégovine par l'Autriche-Hongrie en octobre 1908, contestée par la Russie, ne fit qu'attiser les tensions entre l'Allemagne et la Russie.
En 1911, une nouvelle crise franco-allemande, la crise d'Agadir, provoquée volontairement par l'Allemagne dans le but d'obtenir des concessions coloniales (dans le cadre de la Weltpolitik) de la part de la France, était sur le point de déclencher une guerre. Là encore, la Grande-Bretagne soutint la France contre l'Allemagne.
L'Allemagne, qui avait comme seul véritable allié l'Autriche-Hongrie, devait faire face aux puissances française, russe et anglaise.

6) Les Balkans

Les Balkans sont caractérisés par une diversité ethnique générant des tensions et par de nombreux groupes nationalistes très actifs.
En 1903, le roi de Serbie Alexandre Ier, dernier roi de la dynastie des Obrenovitch fut assassiné ; Pierre Ier, hostile aux Habsbourg et à "l'homme malade de l'Europe" (l'Empire Ottoman) monta sur le trône. En 1903, il signa une alliance militaire avec la Russie. Après 1908, date correspondant à la date d'annexion de la Bosnie-Herzégovine par l'Autriche-Hongrie, la Serbie créa en 1912, dans le principal but de s'opposer à la présence turque, la Ligue des Balkans, composée de la Bulgarie, la Grèce, le Monténégro et la Serbie. En 1912, la Ligue déclara la guerre à la Turquie, qui venait de perdre la Libye au profit de l'Italie : c'est la première guerre des Balkans, qui se solda par le traité de Londres (1913) et la victoire de la Ligue des Balkans. Mécontente, la Bulgarie, qui n'obtint pas de véritables gains territoriaux, déclara la guerre à la Serbie (alliée à la Grèce, à la Turquie et à la Roumanie) en juin 1913 : c'est la seconde guerre des Balkans. Par le traité de Bucarest (1913), la Serbie obtint des territoires en Macédoine. Le traité de Constantinople (1913) autorisa la Turquie à reprendre les territoires qu'elle avait perdus au profit de la Bulgarie lors de la première guerre des Balkans. La Serbie, dont l'influence dans les Balkans avait très fortement augmenté, représentait la principale menace envers la Bosnie-Herzégovine et donc envers l'Autriche-Hongrie.

7) La crise de juillet 1914

L'archiduc François-Ferdinand, neveu de François-Joseph et héritier du trône des Habsbourg, décida de visiter Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine et par ailleurs le berceau de groupes nationalistes serbes et bosniaques, durant l'été 1914. La date choisie coïncidait avec l'anniversaire de la bataille de Kosovo (28 juin 1389), remportée par les Turcs contre les Serbes. Lors de la parade à travers les rues de Sarajevo, l'archiduc François-Ferdinand fut assassiné par un nationaliste serbe, Gavrilo Princip. Le ministre des affaires étrangères de l'Autriche, le comte von Berchtold, vit l'opportunité d'utiliser cet événement pour déclarer la guerre à la Serbie. L'Autriche, qui espérait que la guerre reste locale, s'assura alors du soutien de l'Allemagne. Entre le 20 et le 23 juillet 1914, les gouvernements français et russes se rencontrèrent pour renouveler leur confiance dans le cas d'une guerre imminente. Le 23 juillet 1914, l'Autriche-Hongrie adressa un ultimatum comportant dix points à la Serbie. Celle-ci, voulant se montrer conciliante sur les conseils de la Russie, accepta la plupart des demandes. Edouard Grey proposa une conférence à Londres pour trouver une solution pacifique au problème. L'Autriche-Hongrie refusa de dialoguer. Comme l'ultimatum n'a pas été accepté dans sa totalité, l'Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914. Le 1er août, suite à la mobilisation générale russe, l'Allemagne déclara la guerre à la Russie, alliée de la Serbie. Le 2 août, l'Allemagne adressa une demande d'autorisation de passage à la Belgique, neutre. Le 3 août, l'Allemagne envahit la Belgique et déclare la guerre à la France. Le lendemain, c'est au tour de la Grande-Bretagne de déclarer la guerre à l'Allemagne : c'est le début de la Première Guerre Mondiale, qui se voulait courte et qui dura finalement quatre longues années.

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